Le terrorisme révolutionnaire

En cette année de bicentenaire de la Révolution Française, un grand nombre d’ouvrages ont abordé la plupart des sujets que celle-ci pouvait susciter. Il en est un, cependant, que les historiens semblent avoir évité d’analyser avec rigueur et précision, à savoir le problème du terrorisme. C’est à cette préoccupation que répond ce livre de Bernard Lerat qui fait une distinction essentielle entre les notions de terreur et de terrorisme en rappelant qu’en mettant « la Terreur à l’ordre du jour », en 1793, la Convention l’institutionnalisa en quelque sorte pour exercer sa dictature dans une optique résolument « terroriste ». Cette vague de violence criminelle, issue du ressac du 14 juillet 1789, devait déferler sur notre pays jusqu’au 18 Brumaire. En se référant aux sources imprimées, anciennes ou récentes, l’auteur évoque, sans négliger pour autant les massacres de septembre 1792, les fusillades de Lyon, les noyades de Nantes ou le génocide vendéen, de nombreux traits oubliés ou occultés de l’aventure sanglante de ces dix années. Cette analyse méticuleuse et passionnante ne peut enfin manquer de susciter chez le lecteur une interrogation sur le terrorisme contemporain. N’oublions pas, en effet, que, au lendemain de la révolution d’Octobre, Lénine admirateur de nos « grands ancêtres » déclarait à son tour : « Il ne faut pas supprimer la Terreur, mais la légaliser. » On sait ce qu’il en est advenu dans le monde entier depuis cette proclamation.