La maison du langage (2). Questions de psychanalyse et de psychologie du langage
Andrée Tabouret-Keller
En 1896, dans une lettre restée célèbre à son ami Fliess, Freud présentait une conception originale du psychisme humain, sous la forme d’une série de registres d’inscriptions constitués au cours des temps archaïques de l’enfance, le passage d’un registre à l’autre étant marqué par un défaut de transfert intégral du sens. Ce faisant, Freud posait, à l’orée de la psychanalyse, deux principes qui vont rester des axiomes fondateurs du champ scientifique qu’il est en train de conquérir : que le langage constitue l’étoffe du sujet de l’inconscient, que cette étoffe tissée comme savoir insu (Unbuwusste) est impuissante à retenir la vérité dans ses mailles. Ce que Lacan transcrira de la barre qui, séparant le signifiant et le signifié, coupe le savoir de la vérité. En reprenant — à deux reprises — les thèses de la Lettre 52, en 1915, dans l’essai sur l’inconscient et, en 1924, dans un article sur la psychose, Freud consacre le statut de “parlêtre” du sujet en question pour la psychanalyse, en même temps qu’il détermine la place centrale du langage dans le champ nouveau qui se découvre devant lui. Le rappel de ce principe fondateur, établit la pertinence des travaux d’Andrée Tabouret-Keller, menés au confluent de la psychanalyse et de la linguistique.
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