« Toute forme d’expression artistique est non seulement respectable, mais indispensable, vitale. L’homme y puise force et énergie pour cheminer sur les routes furieuses de son siècle. Elle lui procure, au fil du voyage, une succession de courts instants volés, en marge du temps principal et c’est bien la totale vanité d’une telle entreprise qui fait sa grandeur. Elle est notre unique recours, en ce sens qu’elle nous éloigne d’une vie trop machinale, fonctionnelle, mécanique, conduisant prématurément à l’ultime champ de bataille. Elle nous désapprend la certitude, entretient le doute, arme unique, un peu préhistorique, contre le temps qui passe. En dépit du flot des années, les admirations peuvent ainsi demeurer intactes, ce qui est, en fin de compte, une bonne façon de faire l’apologie de l’étonnement, cousin éloigné de la naïveté. Elle nous permet enfin d’oublier un peu que notre combat est perdu d’avance en cette immense et mystérieuse nébuleuse de l’univers en mouvement. »