La disgrâce

Ce roman plein de bigarrures, de tableaux très chauds, plein de sang, de volupté, présente une vision unanimiste du Mexique. C’est en tout cas, le Mexique de Georges Londeix. Un Mexique aux couleurs crues, atroces ou joyeuses. Mais ce livre subjectif est un reportage : les références sont exactes. C’est Luis, un Mexicain, qui raconte et les secrets qu’il recherche sont les nôtres. Il nous introduit dans des familles très riches et aristocratiques de Monterrey, centre industriel en expansion qui bénéficie de la proximité des États-Unis. Luis a été admis quelque temps dans le cercle de cette jeunesse dorée et paresseuse qui fait une bombe interminable... puis vient la disgrâce, le malheur. Les personnages sont affublés de masques. Qui a tué Juan ? Qui tire les ficelles ? La ville elle-même porte un masque. Elle couronne et condamne et ses arrêts sont aussi irrévocables que ceux des dieux aztèques. Lorsque Luis n’est pas ivre ou envoûté par une garce, il songe à son enfance, à son village natal, dans le désert près d’un puits qui portait un nom de femme. Agitation citadine, souvenirs, bals, assassinats, viols, débauche et bigoterie font de ce livre un opéra, un tourbillon, un carnaval, une ronde obsessionnelle. On se laisse entraîner par le ton naïf, étonné, constamment passionné et original et l’on cherchera par la pensée, sur les places en mosaïques des villages mexicains, la silhouette fuyante de Victoria... Victoria qui est une sœur spirituelle de Madaka, l’héroïne du premier roman de Georges Londeix.